Fantasmes et désollusions (Je ne bouge pas d'ici)
Sauf erreur, Rumena Bužarovska, que l'on a découverte en France, chez Gallimard, en 2022, avec son recueil de nouvelles Mon cher mari, n'a toujours pas écrit de roman. Ce qui est fort dommage, eu égard au potentiel que recèle chacune des histoires qu'elle nous offre dans sa nouvelle collection de nouvelles, intitulée Je ne bouge pas d'ici. Que ce soit à la première où à la troisième personne, les récits de l'autrice Nord-Macédonienne témoignent une fois encore de ses qualités dans le domaine de la raillerie, vis-à-vis de ses compatriotes, presque toujours des femmes, qu'elles habitent au pays ou soient expatriées, dans une contrée anglo-saxonne. Dans ces contes cruels, Rumena Bužarovska ne ménage personne, pas d'inquiétude, les hommes en prennent aussi pour leur grade, pointant du doigt la jalousie, la médiocrité, l'insatisfaction, la honte ou l'intolérance des unes et des autres, dans des situations embarrassantes de comparaisons de statut ou de confrontations. La nouvelliste ne craint pas les scènes à la limite du sordide, inconfortables autant pour les protagonistes que pour le lecteur, dont la seule défense est de rire jaune, s'il apprécie l'humour noir. La native de Skopje se surpasse dans sa dernière nouvelle, Le 8 mars - L'accordéon, un sommet d'humeur sardonique pour clouer au pilori la dégradation sociale de la Macédoine du Nord et les complexes et l'envie de ses habitants vis-à-vis de l'Amérique, qui reste terre de fantasmes, avant de devenir lieu de désillusions.
L'auteure :
Rumena Bužarovska est née en 1981 à Skopje (Macédoine du Nord). Elle a publié 4 recueils de nouvelles dont Mon cher mari.
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