Alès dans ses baskets (8)
Après un passage par Nîmes, toujours aussi belle, retour au cinéma avec une avant-première surprise (c'était La mort de Staline) et le premier film d'une nuit entière de projections. Alléchante proposition mais je serai à 11 heures demain en salle pour ma dernière journée à Alès.
La mort de Staline (The Death of Stalin) d'Armando Iannucci. Sortie le 4 avril
Paru en 2 tomes chez Dargaud, La mort de Staline est une excellente BD, à l'humour ravageur, qui raconte, entre vérité historique et fiction crédible, le chaos temporaire qui suivit la disparition du petit père des peuples. Son adaptation à l'écran, avec l'écossais Armando Iannucci aux manettes s'annonçait sous les meilleures auspices, vu le cv du réalisateur en matière de satire politique, et les critiques anglo-saxonnes semblaient d'ailleurs confirmer la valeur du long-métrage. S'il n'y a effectivement rien à reprocher à la mise en scène, voire à l'interprétation, un peu outrée tout de même, il est malheureux difficile de s'enthousiasmer au vu de cette pochade, comédie noire si l'on veut, qui ne respecte rien, ce qui en soit n'est pas répréhensible, mais qui tape hélas le plus souvent plus bas que la ceinture. Un délire pas vraiment drôle, décrivant un combat des chefs où tous les coups sont permis tandis que l'on s'arrête à peine de torturer et de fusiller. Le pire, c'est que hormis quelques approximations historiques, on n'est sans doute pas très loin de l'ambiance qui régnait à Moscou en 1953. La satire aurait été acceptable si elle ne se vautrait pas constamment dans la vulgarité et s'il faisait montre d'un peu de subtilité comme dans l'hilarant Ninotschka de Lubitsch. Autres temps, autres moeurs, La mort de Staline, avec sa vision postmoderne, est très faible quand le film sort l'artillerie lourde de l'humour carabin.
Jersey Affair (Beast) de Michael Pearce. Sortie le 18 avril
Le titre français du premier film de Michael Pearce, Jersey Affair, met l'accent sur sa localisation dans l'île anglo-normande et il n'a pas entièrement tort tant les falaises et la végétation luxuriante donnent un caractère romantique et sauvage qui colle bien à l'intrigue. Mais le titre original, Beast, nous entraîne lui ailleurs, vers la vraie nature de ce long-métrage, cette part animale qui affleure chez la plupart de ses personnages à commencer par son héroïne, rousse flamboyante, qui possède un tempérament de feu. Nombre d'ingrédients de thriller contenus dans Jersey Affair sont bien connus mais c'est leur dosage très subtil qui rend le film prenant bien que l'on puisse trouver son dénouement quelque peu outré (pas nécessairement d'ailleurs). Il est d'ailleurs remarquablement interprété par de jeunes acteurs peu ou pas connus et réalisé de façon épidermique par un réalisateur qui maîtrise déjà toutes les ficelles. Un peu trop d'ailleurs avec l'art de manipuler le spectateur et de l'embobiner avec des scènes oniriques ou à la lisière du fantastique. En tous cas, on ne va pas lui reprocher d'avoir poussé son entreprise au bout de sa logique baroque, évitant toute tiédeur dans une histoire qui délaisse progressivement les règles d'un certain confort pour nous emmener assez loin, sur les rives de la démence. C'est à ce prix que les frissons et le plaisir sont garantis sans retour en arrière possible.
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