Cinéphile m'était conté ...

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Viva Toulouse (7)

Au menu du jour : le dernier Lion d'or de Venise et le nouveau et remarquable film du prometteur réalisateur argentin Santiago Mitre. Bientôt dans les salles tous les deux.

 

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Les amants de Caracas (Desde alla), Lorenzo Vigas, Venezuela

 

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Au centre du premier film de Lorenzo Vigas, une relation trouble entre deux solitudes, celle d'un quinquagénaire à la sexualité malsaine et celle d'un adolescent rebelle et voleur. Lion d'Or à Venise, le film ne s'étend pas sur la psychologie de ses personnages dont certains actes resteront inexpliqués. Mais le lien entre eux, de par sa complexité et la qualité de l'interprétation, rend le film affuté comme une lame, souvent silencieux, maîtrisé par une mise en scène d'une grande précision qui privilégie les arrières-plans flous, comme si Caracas n'était qu'une toile de fond. Le titre français est très mauvais laissant croire qu'il s'agit d'une histoire à forte connotation sensuelle alors que c'est tout le contraire, une relation ambigüe entre deux êtres qui semblent incapables d'éprouver de vraies émotions de par leur rapport douloureux à leur père respectif. Sec et d'une violence intérieure difficilement contrôlé, Les amants de Caracas est à la hauteur de son sujet exigeant que l'on doit à la plume de Guillermo Arriaga (le scénariste des premiers films d'Iñárritu).

 

 

Paulina (La patota), Santiago Mitre, Argentine

 

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Ancien scénariste de Pablo Trapero, Santiago Mitre a réalisé El estudiante, un premier film très bavard, rhétorique et politique. Paulina commence par une longue conversation entre un père et sa fille, sur le thème de l'engagement, qui laisse penser que ce deuxième long-métrage sera du même acabit. Mais, rapidement, l'héroïne du film va se trouver confrontée à la réalité du terrain, dans une région difficile, et son idéalisme va en prendre un coup. Ou peut-être pas, finalement, tant cette femme croit à sa mission, au grand dam de ses proches. Cette obstination, y compris après ce qui lui est arrivé (il est préférable de ne pas le dévoiler) fait tout le sel du remarquable portrait que réalise Mitre aidé en cela par l'interprétation époustouflante de Dolores Fonzi. Les choix de Paulina peuvent paraître incompréhensibles et certains n'adhéreront sans doute pas au scénario jusqu'au bout. La mise en scène se met au service de son personnage principal avec un jeu assez subtil sur la temporalité, certains évènements revenant avec un autre point de vue. Coquetterie narrative ? Absolument pas mais une manière de montrer les choses sous des angles différents. Paulina, par sa complexité et son sujet même, témoigne d'une ambition sociale, politique (on y revient) et féministe qui se révèle passionnante.

 

 



17/03/2016
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