A la vie, à la mort (Les chevaux de Dieu)
Le 16 mai 2003, 14 jeunes kamikazes se faisaient sauter à Casablanca dans des attentats qui firent 41 victimes. Tous ces terroristes, sans exception, étaient originaires des bidonvilles du quartier de Sidi Moumen, en périphérie de Casa. Si Les chevaux de Dieu n'est pas un documentaire, Nabil Ayouch, familier des lieux (voir son film Ali Zaoua) a enquêté et fait de nombreuses recherches pour que son récit soit le plus proche possible de la réalité et explique la genèse de ces actes. Il n'existe pas de vérité historique absolue et le recours à la fiction permet des raccourcis et des simplifications, soit, cependant le film est un modèle du genre en termes de réalisme. En évoquant l'enfance et l'adolescence des futurs "martyrs" dans une puissante première partie, Ayouch pointe le doigt sur la déliquescence des liens sociaux, l'absence de figure paternelle, le dénuement d'une population mise à l'écart et ghettoïsée. Il évite de faire preuve de didactisme et la démonstration est claire et pertinente. Tout comme l'est l'embrigadement subtil des organisateurs des attentats montré avec une sobriété exemplaire. A ces éléments s'ajoute une très belle histoire entre frères, à la vie, à la mort. Les chevaux de Dieu est un film qui frappe juste et fort. Très fort.
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