Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

9 jours à Fribourg (4)

Aujourd'hui, voyage dans 4 continents, du Niger à la Croatie, du Bhoutan à la République dominicaine.

 

L'alliance d'or (Zin'naariya) de Rahmatou Keïta, Niger

 

 

Qui connait Rahmatou Keïta, cinéaste nigérienne ? Bien sûr, elle n'a réalisé qu'un seul long-métrage et ce dernier n'est pas sorti sur les écrans français. Le cinéma africain a déjà du mal à exister mais si les rares projets qui voient le jour ne sont même pas distribués et seulement vus dans une poignée de festivals ! L'alliance d'or est pourtant un film intéressant, qui nous entraîne dans un Sahel débarrassé de tout folklore à mi-chemin entre le réalisme et le symbolisme. Une histoire d'amour dans une certaine harmonie sociale qui a pour but de battre en brèche un certain nombre de clichés attachés à l'Afrique. Esthétiquement, L'alliance d'or est une réussite ; narrativement, c'est une autre affaire avec son caractère souvent languissant. Mais comme aime à le dire sa réalisatrice : "les occidentaux ont la montre, les africains ont le temps." Un adage qui ne manque pas de Sahel.

 

Aleksi de Barbara Vekaric, Croatie

 

 

C'est une jeune femme de 28 ans, elle se prénomme Aleksi. Elle est indépendante, égoïste, asociale, butée et bien d'autres choses encore. C'est un beau portrait de fille moderne et un poil immature que nous offre la cinéaste croate Barbara Vekaric dans son premier long-métrage sobrement intitulé Aleksi. L'ambiance est méditerranéenne, dans une petite île où pousse de la vigne et que les plus jeunes générations veulent quitter pour la ville ou mieux, l'étranger. Le film est une sorte de comédie romantique qui s'amuse beaucoup des codes du genre et les détourne volontiers au profit de la seule jeune femme, excellemment interprétée par Tihana Lazovic. Les divers prétendants de la belle inconstante sont très peu développés par le scénario qui se contentent d'esquisser leurs contours à grands traits. Seule compte Aleksi et on ne s'en plaindra pas car elle a du caractère, la diablesse.

 

Le phallus rouge (The red Phallus) de Tashi Gyeltshen, Bhoutan

 

 

Le phallus rouge permet de comprendre à quel point le déterminisme social est important au Bhoutan et combien le poids du patriarcat pèse d'un poids insoutenable pour les nouvelles générations de femmes. Le premier film de Tashi Gyeltshen ne cherche cependant pas à s'ériger en plaidoyer féministe, même s'il en épouse quelques contours, étant plutôt contemplatif et taiseux et ne rechignant pas à arborer la parure de l'onirisme. La lenteur du film est tout de même excessive et malgré un goût certain du réalisateur pour les belles images, il n'est pas outrancier de dire que son rythme est assez propice à l'engourdissement progressif du spectateur. Le cinéma du Bhoutan a montré ces dernières années un certain dynamisme, encore faut-il qu'il démontre qu'il sait s'affranchir d'un certain nombre de constantes de films dits "de festival".

 

El hombre que cuida, Alejandro Andujar, République dominicaine

 

 

El hombre que cuida est un film plutôt modeste qui ne risque pas de sortir sur beaucoup d'écrans dans le monde et c'est bien dommage. Car son propos, autour des clivages sociaux et notamment le statut particulier du pauvre qui est l'employé du riche, est assez universel et ne donne aucune espèce de leçon de morale. Qui plus est, il donne à voir une réalité particulière, dans un pays comme la République dominicaine où les écarts entre les différentes classes sont parmi les plus criants. Le contraste est d'autant plus accentué dans un paysage paradisiaque comme celui que nous montre El hombre que cuida. Bien réalisé par Alejandro Andujar, correctement interprété, subtilement écrit pour faire exister plusieurs personnages, le film est agréable et intelligent. Un bon exemple de la vitalité du cinéma dominicain lequel, hélas, a pourtant bien du mal à toucher son propre public.

 



18/03/2019
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