Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

17 pour une quinzaine (6)

 

Blackbird Blackbird Blackberry de Elene Naveriani

Ceux qui ont vu le film précédent d'Elene Naveriani, Wet Sands, retrouveront avec bonheur son ton doux/amer dans Merle Merle Mûre, dont la première scène illustre joliment le titre. Ce n'est plus au bord de la mer noire mais dans un petit village géorgien de l'intérieur que la réalisatrice situe son troisième long-métrage, mais toujours au sein d'une petite communauté où un personnage tranche avec le conformisme ambiant. Ici, il s'agit d'une femme de 48 ans, prénommée Ethero, célibataire et très heureuse de l'être, à peine agacée par les sempiternelles remarques acides de ses prétendues amies. Un beau portrait se met en place, au moment où un amour tardif d'automne va percuter la vie de cette héroïne indépendante et volontiers solitaire. Le film distille un humour assez subtil et ne recule pas devant des scènes plutôt cruelles ou très libres, rendant hommage au corps à la Botero d'une femme qui mène son existence comme elle l'entend, quitte à se laisser surprendre par ses aléas. La force du film vient de son rythme tranquille, de son aspect tour à tour contemplatif et animé et surtout de la prestation de sa formidable actrice principale, Eka Chavleishvili. Le métrage se termine par ce qui peut apparaître comme une facilité scénaristique mais c'est un reproche mineur dans une œuvre pleine et nourrissante..

 

Creatura de Elena Martin Gimeno

Creatura (à ne pas confondre avec Creaturas de Carlos Vermut) est le second long-métrage de la Barcelonaise Elena Martín Gimeno, qu'elle a coécrit et dont elle interprète le rôle principal. De quoi s'agit-il au départ ? D'une femme de 30 ans, Mila, qui ne parvient plus à faire l'amour avec son compagnon et qui cherche des réponses à ce blocage dans son passé, son adolescence et même son enfance. Si les trois temporalités du film s'imbriquent avec une certaine fluidité, la recherche de l'origine des désirs intimes et de leur répression conduit quasiment à une enquête psychanalytique laquelle ne peut donner que des indices mais pas d'explications, puisque de traumatisme il n'y a point. La réalisatrice explore le rapport au corps et à la sexualité de son héroïne avec une certaine pudeur, souvent, mais aussi une approche tellement directe, parfois, qu'elle en devient sinon embarrassante, du moins inconfortable pour le spectateur-voyeur. Elena Martín Gimeno maintient heureusement le scabreux hors champ et réussit paradoxalement davantage les scènes en flashback, notamment celles liées aux 17 ans de Mila, traitées de manières réaliste et romantique à la fois. Au final, même si le film pose plus de questions qu'il ne trouve de réponses, il tend à une certaine universalité tant le sexe, si important dans nos vies, reste à n'importe quel âge une composante essentielle de notre identité.

 



14/06/2023
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