Une servitude proche de l'esclavage (Journal d'une femme de chambre)
Paru en 1900, le roman de Mirbeau a fait l'effet d'une bombe. "« Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens » dixit Célestine dans son Journal d'une femme de chambre. Après Renoir et Bunuel, aux versions assez éloignées du livre, celle de Benoît Jacquot est davantage fidèle au livre, tout en modernisant les dialogues et en abandonnant le principe du journal intime, se contentant de rares passages en voix off (du coup le titre du film n'a plus vraiment de signification). En toute honnêteté, Il y a de quoi être partagé à la vision de ce Journal d'une femme de chambre. Les thèmes de la lutte des classes, de la servitude des domestiques proche de l'esclavage, et du racisme sont on ne peut plus actuels, certes, mais cette description d'une bourgeoisie confite dans son mode de vie étriqué avec une maîtresse de maison psychorigide et un mari faible et libidineux apparait comme une caricature, comme si Chabrol en son temps n'avait pas déjà tout dit. Ceci dit, le film parvient parfois par son étrangeté, sa noirceur et des flashbacks courts et violents à montrer des facettes plus passionnantes. L'interprétation de Seydoux et de Lindon n'est pas à mettre en cause mais leur rôle correspond peu ou prou à ce que l'on attend d'eux. La reste de la distribution ne convainc pas totalement et la mise en scène de Jacquot est très inégale, certaines scènes semblant directement échappées d'un téléfilm. L'impression finale restera mitigée devant un film globalement surestimé par la critique.
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