Une semaine à Angoulême (2)
Muganga - Celui qui soigne de Marie-Hélène Roux
Comment mieux faire qu’un documentaire pour évoquer l’œuvre du docteur Mukwege, prix Nobel de la Paix ? Et surtout, comment ne pas tomber dans l’hagiographie pure, avec un personnage aussi proche de la sainteté, cet homme qui répare les femmes, victimes des pires atrocités dans l’est de la « République dramatique du Congo. » Marie-Hélène Roux, née au Gabon, et qui connaît bien l’Afrique, a choisi de ne pas atténuer la violence, quitte à rendre parfois le film insoutenable. La mise en contexte est puissante, de temps en temps à la limite, mais permet d’éclairer la trajectoire lumineuse et cependant humble, d’un praticien confronté aux pires des situations. Muganga parvient ainsi à éviter presque tous les pièges liés à une biographie qui ne prendrait pas en compte tout l’environnement social, politique et humain de son héros. Isaac de Bankolé, trop rare au cinéma, donne à son personnage un charisme indéniable et compose, avec un Vincent Macaigne au taquet, un duo parfaitement crédible.
Pour mon bien de Mimmo Verdesca
Les mélodrames familiaux, dans leur douleur intime, peut être ce qu’il y a de plus beau, mais encore faut-il ne pas trop charger la barque émotionnelle. De facture très classique, voire désuète, Pour mon bien, le premier long-métrage de fiction de Mimmo Verdesca, pousse hélas le curseur jusqu’au maximum, accompagnement musical compris. Pourtant, si on les prend séparément, beaucoup de scènes touchent, quand la pudeur et la délicatesse s’y mêlent. Et ce, grâce aux interprétations remarquables de Marie-Christine Barrault, de Stefanie Sandrelli et, surtout, de Barbora Bobulova, forte héroïne au corps d’argile. Dans ce type de film, c’est le passé, forcément différent de ce qu’il semble être, qui tient le rôle principal et c’est un euphémisme de dire que son poids est écrasant. Ce n’est pas en soi gênant, mais l’équilibre n’est pas si facile à trouver entre le pathos et la subtilité dramatique.
Météors de Hubert Charuel et Claude Le Pape
Quel contraste avec Petit paysan ! Avec Météors, Hubert Charuel voulait parler d’un ami à lui dans une mauvaise passe, de ses liens, de sa ville et de ses habitants. Son nouveau film, réalisé avec la collaboration de Claude Le Pape, se déroule dans une périphérie urbaine et un environnement marqué par la grisaille, avec une météo pourrie, la plupart du temps. Avec cela, les trois jeunes personnages principaux vivent dans une certaine précarité, se retrouvent souvent alcoolisés et dans des situations invraisemblables. Des rêves ? Quelques-uns, oui, mais irréalisables. La mise en scène saccadée en ajoute encore dans ces perspectives bouchées et ce manque d’espérance. Le plus étonnant, et c’est sans doute volontaire, est l’absence de toute présence féminine ainsi que familiale. Nous sommes donc prisonniers de l’univers étriqué de ces jeunes gens, dont la seule alternative de travail est le fast-food du coin ou la participation à l’enfouissement de déchets radioactifs. Pas très gai, tout cela, et l’alchimie entre les acteurs, de même que l’embryon de suspense, sur la fin, ne suffisent pas pour y trouver son compte.
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