Une passion sans fièvre (Une promesse)
Stefan Zweig a écrit inlassablement sur la passion. Amoureuse. De celles qui vous submergent et vous laissent en permanence en manque de l'autre. Mais chez lui, ces amours dévorantes ne sont jamais simples et débouchent souvent sur des drames. Il a été beaucoup adapté mais le cinéma a rarement saisi cette frénésie, proche de la folie. Seul, Ophüls, dans Lettre d'une inconnue, a su pénétrer l'âme des nouvelles de l'auteur autrichien. A son tour, Patrice Leconte, dans Une promesse, tente l'impossible. Et il ne démérite pas bien qu'il n'ait pas choisi la plus originale des histoires de Zweig : un triangle amoureux classique dans l'Allemagne de l'avant-guerre. S'est-il senti paralysé par l'enjeu ? Le cinéaste n'est pas à l'aise pour saisir les frémissements d'une relation qui ne veut pas dire son nom. Corseté par les costumes, il filme avec trop de platitude, se méfiant sans doute du caractère romantique de son récit et ne voulant pas céder à un quelconque lyrisme. Il ne se lâche que sur la fin, mais sa mise en scène est décidément trop sage et académique. De là à dire qu'il a trahi Zweig, certainement pas. Il l'a illustré sagement mais sans fièvre ni excès. Son jeune premier, Richard Madden est un peu pâle à l'inverse de Rebecca Hall qui sait faire passer toutes les nuances de son personnage. Alan Rickman, lui, est remarquable, spectateur ambigu et lucide, qui a tout compris, bien avant les victimes de cette passion.
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