Une page d'histoire américaine (La conspiration)
Un affront fait à Robert Redford : en France, son dernier film en tant que réalisateur sort directement en VOD et DVD sans passer par la case salle de cinéma. Dommage, car il s'agit peut-être bien de son meilleur film de cinéaste. L'histoire, pour peu que l'on s'intéresse à l'histoire américaine et, en particulier, à la guerre civile, est passionnante. La conspiration s'attache au destin de Mary Suratt, accusée de complicité dans l'assassinat du président Lincoln. Un film de procès, qui suit pas à pas l'avocat chargé de la défense, un nordiste qui, a priori, n'a aucune envie de croire à l'innocence de cette sudiste affichée. A travers cette trame historique, Redford prend ouvertement parti pour Mary Suratt (sa culpabilité n'est pas prouvée à ce jour, son innocence non plus, d'ailleurs) et, surtout, réaffirme sa vision de libéral en pointant du doigt les dysfonctionnements d'une justice qui fait passer l'intérêt d'Etat avant toute chose. Bien entendu, le parallèle avec l'Amérique post 11 septembre est évident et La conspiration est un film éminemment politique dans la veine de Lions et agneaux, en beaucoup plus convaincant. La mise en scène est d'un classicisme absolu, rehaussé par une prestation de premier ordre. Au côté de James McAvoy, Robin Wright et Kevin Kline (méconnaissable) sont remarquables. Conçu comme un thriller, La conspiration restitue une page de l'histoire américaine assez mal connue, sous forme de film à thèse, certes, et qui prend quelques libertés avec la probable vérité, mais dont l'intelligence et la pertinence ne sauraient être remises en question.
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