Une fresque dénuée de souffle (The Cut)
De Fatih Akin, après Head-on, De l'autre côté et Soul Kitchen, on attend désormais le meilleur. Et que le cinéaste allemand aux origines turques "ose" s'attaquer au sujet délicat pour ne pas dire tabou du génocide arménien, promettait beaucoup. Pour commencer, le réalisateur préfère préciser que The Cut est moins une oeuvre historique consacrée à ce crime contre l'humanité qu'un récit sur ses survivants et, sans l'ombre d'un doute, une évocation en forme d'hommage à la diaspora arménienne. Ce qui n'est pas non plus contestable est qu'il s'agit d'une fresque téméraire qui court sur 8 ans et traverse un océan au côté d'un père à la recherche de ses deux filles, peut-être rescapées. Le thème est beau, traité avec toute l'honnêteté et la dignité du monde dans le souci de montrer que la fraternité existe toujours même si elle ne se manifeste parfois qu'après un drame absolu. Armé de bonnes intentions, Fatih Akin a pourtant signé un film décevant, quasi dénué d'émotion et certainement de souffle. La mise en scène, beaucoup trop académique, l'interprétation démonstrative et le manque de liant entre les scènes font dériver le projet sans pour autant, il ne faut pas exagérer, qu'il tourne au désastre. Akin est-il vraiment fait pour ce cinéma aux visées épiques, lui qui excelle dans l'intimisme ? On s'attendait à être bouleversé par The Cut, on n'est que spectateur extérieur à un drame humain né d'une des pires exactions barbares programmée de ce douloureux siècle dernier.
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