Une fascinante histoire au traitement manichéen (La femme au tableau)
La femme au tableau aurait mérité un meilleur réalisateur que Simon Curtis qui, après le dispensable My week with Marilyn, démontre une fois encore ses limites, incapable de s'élever au-dessus d'un scénario, lui-même naturellement versé dans une émotion forcée. Pourtant, l'histoire est fascinante, au-delà du cas véridique évoqué et connu sous le nom de Republic of Austria v. Altmann. Il pose la question insoluble de la "réparation" des spoliations des familles juives durant la seconde guerre mondiale, notamment des oeuvres d'art, thème déjà maladroitement traité par Clooney dans Monuments Men. Si les flashbacks avec la période de l'Anschluss fonctionnent parfaitement, c'est aussi une vision parcellaire de l'Histoire de l'Autriche comme si l'ensemble du pays était devenu nazi à l'entrée des troupes allemandes. Un manichéisme un peu trop visible (sans parler de l'ode à l'Amérique) contamine cette affaire judiciaire aux multiples rebondissements que le récit accentue encore pour aboutir à un thriller mélodramatique fidèle aux canons hollywoodiens. La mise en scène fade de Simon Curtis ne parvient toutefois pas à faire de La femme au tableau un véritable ratage. Parce que le sujet est fort et que Helen Mirren y prête son immense talent, quoique assez mal secondé par Ryan Reynolds et Daniel Brûhl, hélas. L'indispensable devoir de mémoire, le film le respecte, malgré tout, en dépit de sa facture académique. Un documentaire aurait mieux valu que cette fiction imparfaite mais La femme au tableau ne peut être rejeté d'un revers de main. Ce qu'elle offre au plus large public, du point de vue pédagogique, constitue sa principale qualité.
Classement 2015 : 57/132
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