Une attirance pour le vide (Play me a love song)
La traduction littérale du titre du premier film d'Esmir Filho donnerait quelque chose comme Les célèbres et les créatures de la mort. Pas très vendeur, ça, le distributeur français a préféré lui coller un titre anglais (normal, c'est un film brésilien !), Play me a love song, en référence à Bob Dylan, dont son personnage principal, adolescent de 16 ans, est fan, au point d'utiliser le pseudo de Mr. Tambourine Man, lors de ses longs surfs sur internet. Outre un aspect réaliste -la déprime d'un garçon dans un coin paumé du Brésil et ses rapports mi-affectueux, mi-indifférents avec sa mère, veuve depuis peu-, le film emprunte assez souvent les chemins de l'onirisme, sans qu'il soit vraiment possible de distinguer les fantasmes des événements tragiques du passé. Ce goût de l'opacité, Filho le complète avec une mise en scène à la limite du chichiteux faite d'images floues et de moments désincarnés. Film sur le deuil, l'ennui et l'anxiété adolescente, Play me a love song rappelle souvent le cinéma de Gus van Sant. Avec une tendance au morbide, nombre de scènes ramenant Tambourine sur un pont très prisé des candidats au suicide. Le film provoque de drôles de sensations : une attirance pour le vide et un certain recul face au vertige. Curieuse oeuvre, signée d'un jeune metteur en scène (26 ans) doué et poseur à la fois.
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