Cinéphile m'était conté ...

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Un vieux couple (Amour)

Des policiers fracturent une porte d'appartement et découvrent une femme décédée depuis plusieurs jours déjà. C'est le premier plan du film de Haneke. Amour raconte les mois qui ont précédé. La vie d'un vieux couple, la maladie de l'un, comment l'autre va l'assister, s'indigner, se résigner. Chronique d'une disparition annoncée. S'il filme avec la même précision clinique que d'habitude, Amour est sans doute l'oeuvre la plus humaniste et compassionnelle de la carrière du cinéaste autrichien. Certaines scènes sont pourtant à la limite du supportable, celles où la souffrance physique est trop forte, où l'agonie est trop lente. Laissons planer le mystère, il est hors de question d'en dire plus, si ce n'est que tout se passe en intérieurs et que Haneke alterne gros plans et plans fixes, dans une économie de moyens intégrale. Emmanuelle Riva est prodigieuse, Trintignant est admirable. S'il n'y a pas de chantage à l'émotion, le film est cependant insistant sur le naufrage d'un corps. Sans doute trop. Le mot amour n'est jamais prononcé. Ce n'est pas nécessaire, il est implicite dans cette longue relation de couple que seule la mort va interrompre. Palme d'or méritée ? Au-delà des collines de Cristian Mungiu ne lui est pas inférieur. Quoi qu'il en soit, c'est un Haneke plus intime, moins riche de thématiques que Le ruban blanc, impressionnant de maîtrise mais qui a, aussi, ce défaut récurrent du réalisateur de vouloir absolument mettre le spectateur mal à l'aise. Bien qu'en l'occurrence cela dépende du sentiment que chacun éprouve(ra) vis à vis de la disparition de l'être qui lui est le plus cher au monde.

 



24/10/2012
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