Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Un conte familial hippique, pas épique (Cheval de guerre)

A l'origine, Cheval de guerre est un livre pour la jeunesse, écrit par un dénommé Michael Morpurgo et paru en 1982. Donc, une histoire pour, disons, adolescents ou même enfants, que Spielberg transforme en pur spectacle familial. On y retrouve des thèmes qui ont nourri quelques uns de ses meilleurs (et pires) films, en particulier l'innocence, de E.T à La couleur pourpre. Cheval de guerre est un conte, une oeuvre qui se réclame du merveilleux davantage que du réalisme et se termine au crépuscule comme un bon vieux western, sauf qu'on est plutôt, à ce moment là, dans le mélodrame heureux, s'il est permis d'user d'un tel oxymore. La première heure, quelque part dans un village du Devon, est un bonheur pour les amateurs de cinéma classique, fortement inspiré par l'un des maîtres de Spielberg, John Ford, quand celui-ci tournait, en son Irlande de coeur, L'homme tranquille. Avec les premières images de guerre, le film entre alors dans un interminable tunnel narratif. De longues séquences dans les rangs de l'armée allemande, puis dans une ferme française, alors l'on s'ennuie un peu et l'on s'agace aussi, car tous les personnages s'expriment en bon anglais. Ah oui, nous sommes dans un film familial, d'où le choix de simplifier. Gênant ! S'en suit une ellipse assez peu défendable, de trois ans, pas moins, avant de retrouver le valeureux petit cheval alors que la guerre va bientôt tirer à sa fin. Là se situe la scène-clé du film qui fera hurler les uns et fondre les autres. Après des séquences de pure virtuosité (un cheval fou qui traverse la ligne de front et les tranchées comme un ouragan), deux soldats, un allemand et un anglais, se retrouvent, armes baissées, pour secourir le brave animal. Est-il déraisonnable de penser que Spielberg a voulu tourner ce film uniquement pour cet instant-là, qui partagera son public en deux ? Durant près de deux heures trente, le cinéaste filme son cheval vedette comme un acteur, au risque de l'anthropomorphisme. Et la guerre est montrée sans le souci d'extrême réalisme d'Il faut sauver le soldat Ryan. En fin de compte, Cheval de guerre n'en est rien un film épique. Hippique, oui, avec un équidé qui semble plus humain que les soldats qu'il côtoie. Entre guimauve et émotion, le coeur peut balancer. Avec le sentiment d'avoir feuilleté un livre d'images qui, parfois, se transformait en véritable oeuvre de cinéma, digne du meilleur Spielberg. Oui, parfois.

 




21/02/2012
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