Un charme étrange et pénétrant (Oki's Movie)
Hong Sangsoo est un peu le monsieur plus du cinéma coréen. Pas pour son aspect spectaculaire, certes non, mais pour tout le reste : le plus nombriliste, le plus bavard, le plus énigmatique, le plus intimiste, le plus mélancolique, le plus romantique, ... Et le plus prolifique aussi, puisqu'il tourne à un rythme qui ferait frissonner Woody Allen, lui-même. Oki's Movie, réalisé en moins de deux semaines, est une sorte de quintessence de son oeuvre, avec son découpage en quatre courts récits, des nouvelles dirait-on, en littérature. Quatre variations autour du cinéma et des sentiments amoureux, des histoires différentes jouées par les mêmes acteurs, comme si les personnages, qui ne changent pas de nom, vivaient en même temps dans des mondes parallèles. Un exercice singulier, que Hong accentue encore dans le dernier segment, qui a donné son titre au film, et dans lequel une jeune femme juxtapose deux moments de sa vie, avec deux hommes, au même endroit et à la même période. Une mise en abyme troublante, d'autant plus qu'elle semble synthétiser et renforcer cette impression de légèreté décalée qui imprègne les 80 minutes d'Oki's Movie. Prise séparément, chaque histoire du film semble anodine et d'un intérêt limité. Si l'on considère l'ensemble, on y découvre une cohérence et un charme étranges et pénétrants.
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