Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Un barracuda angoissé (Cloclo)

Il avait plus d'appétit qu'un barracuda et ne passait pas ses lundis au soleil vu qu'il n'arrêtait jamais : de travailler, d'aimer, d'innover. Avec Cloclo, pour une fois, le terme de biopic n'est pas galvaudé : c'est la vie entière de Claude François qui est évoquée, de l'intérieur du ventre de sa mère jusqu'à sa mort. Racontée de manière chronologique, sans flashbacks superflus, frontalement, au plus près de la bête de scène, du mal aimant mal aimé, de l'homme d'affaires et du capteur d'idées en suspension dans l'air. Après une introduction lumineuse en Egypte, capitale pour comprendre la relation père/fils qui explique tout ou presque du comportement du chanteur toute sa vie durant, le film lâche les chevaux et n'accordera pas une minute de répit, à l'image de l'existence de Cloclo, l'homme pressé. Pas de coup de mou pratiquement pendant près de 2 heures 30, il fallait le faire, avec un juste équilibre entre les scènes intimes et publiques. Siri, réalisateur de films d'action, sait comment être efficace, sans fioritures, à fond la caisse. Les chansons de l'idole sont soit interprétées dans leur chronologie, épousant ses changements de style, soit pour illustrer, comme en voix off, les aspects dominants de sa personnalité. C'est souvent brillant, à la limite de l'exercice de style, mais le cinéaste ne récite jamais une leçon d'histoire/hagiographie, ne laissant pas dans l'ombre les énormes défauts de son iconique sujet : maniaquerie obsessionnelle, tyrannie envers ses proches, caractère d'atrabilaire, goût immodéré pour les (très) jeunes filles. Plutôt que d'imiter bêtement, Jérémie Renier agit par mimétisme, créant son propre Claude François. Franchement impressionnant. En revanche, Benoît Magimel, méconnaissable, compose un Paul Lederman un brin grotesque. Ceci mis à part, Cloclo est un film qui a du souffle, qui rend compte d'une époque dingue autant que de la personnalité angoissée et quasi bipolaire d'un type assez exceptionnel dans son genre, que l'on aime ou pas ses chansons. C'est un détail qui n'a aucune espèce d'importance.

 




16/03/2012
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