Thé et empathie (Lettres d'amour de Kamakura)
Comme souvent dans une trilogie, et La papeterie Tsubaki ne fait pas exception à la règle, le meilleur ouvrage est le premier, sans doute parce que l'effet de nouveauté et, éventuellement, d'émerveillement, joue à plein. Ceci posé, Lettres d'amour de Kamakura, dans une ambiance qui nous est désormais familière, est loin d'être une déception. C'est un aspect particulier du Japon que Ito Ogawa décrit dans ses trois romans, traditionnel et assez attendu, par son exotisme, pour des yeux occidentaux. Ce n'est pas que ce Japon n'existe pas mais c'est une des nombreuses facettes d'un pays difficile à comprendre pour les étrangers, même après l'avoir visité. Il n'est besoin que de se balader dans la littérature nippone pour se rendre rendre compte de la complexité de la société et de la vision qu'en ont ses propres ressortissants, à commencer par une autre Ogawa, Yôko, qui se situe aux antipodes d'Ito. Sans parler du cinéma japonais qui de Naruse à Kurosawa, en passant par Masumura, Oshima et, plus récemment, Kore Eda et Hamaguchi, se conjugue sur des tonalités très diverses. Quoiqu'il en soit, Lettres d'amour de Kamakura, avec l'art d’accommoder les mots de son héroïne, papetière et écrivain public, appartient au registre de la bienveillance dans une philosophie de vie consciente de sa durée éphémère, qui encourage à profiter de l'existence et de rechercher l'harmonie à travers la famille, l'amitié, l'amour, la nature, la gastronomie, etc. L'altruisme et la compréhension des autres est au cœur du roman, avec pour ingrédients majeurs thé et empathie. Certes, tout n'est pas facile dans un monde où les contrariétés, les deuils et la tristesse s'invitent parfois mais ce n'est pas une raison pour ressentir stupeur et tremblements. Ito Ogawa n'est pas une autrice pour les cyniques ni pour les pessimistes mais quel mal y a t-il à cela, eu égard à l'apaisement que l'on ressent après la lecture de ses livres ? Vous reprendrez bien une tasse de thé ?
L'auteure :
Ito Ogawa est née en 1973 à Yamagata (Japon). Elle a publié 6 livres en français dont Le restaurant de l'amour retrouvé et La papeterie Tsabuki.
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