Le voleur samouraï (Pickpocket)
Les premières pages de Pickpocket de Nakamura Fuminori évoquent tellement le film éponyme de Bresson que cela ne peut-être un hasard. Même sens du détail dans la façon de procéder, celle d'un professionnel, mêmes lieux (le métro), même solitude d'un héros dans la foule dont on ne connait rien ou presque. Mais le ton général de ce roman noir qui se soucie plus de son atmosphère que de son intrigue le rapproche plutôt d'un Melville. Ce pickpocket est un samouraï à sa façon, du moins le voudrait-il car son coeur le trahit parfois, au contact d'un jeune garçon apprenti voleur (étonnantes scènes de transmission d'un savoir) et de sa mère prostituée. Seul, le voleur est intouchable. Dès lors qu'il se compromet avec la pègre son destin est tout tracé et l'engrenage nécessairement fatal. Ecrit au présent, fourmillant de détails d'ambiance, Pickpocket est un faux thriller pessimiste et glacial comme la mort. Sa brièveté et sa concision en font un objet tranchant, effilé comme une larme. A la fois fascinant et un poil frustrant par le peu d'informations qu'il délivre.
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