Femmes en prison (Madame Zou)
Après Madame Liu et Madame Yang, Madame Zou est le troisième récit de Zhang Yihe consacré à sa série "femmes en prison", largement inspirée de sa propre incarcération pour avoir critiqué l'épouse de Mao dans son journal intime (sic). Moins poignant que son livre précédent, Madame Zou reste un témoignage de première main sur ces camps de détention où régnait l'arbitraire, les brimades, la faim, les conflits entre détenues et aussi la plus grande solidarité. La plume de la romancière est toujours agile. Elle écrit simple, brute et dans une veine de ce que l'on appelait autrefois le néo-réalisme au cinéma. A l'instar de la plupart des écrivains chinois, la grossièreté ne fait pas peur à Zhang Yihe à partir du moment où elle sert d'exutoire à des conditions d'existence particulièrement précaires. Malgré la teneur des événements, elle ne cède jamais au mauvais mélodrame et l'auto-apitoiement n'est certes pas sa tasse de thé. Le récit est même gai parfois, c'est dire, et toujours alerte. Il se fait délicat dès lors qu'est abordé un sujet hautement tabou en Chine, encore aujourd'hui d'ailleurs, mais surtout à l'époque : celui de l'homosexualité féminine. Cela nous vaut des pages tendres et sereines, oasis de douceur dans ce monde ô combien brutal. Un seul mot d'ordre, camarades lecteurs et lectrices, il faut lire Zhang Yihe ! Allez, Zou !
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