Cinéphile m'était conté ...

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Sur la crête des sentiments (A perdre la raison)

Inspiré d'un fait divers qui a choqué la Belgique, A perdre la raison confirme tout le bien que l'on pensait de Joachim Lafosse. On connait l'issue du drame, tout le talent du réalisateur réside dans le récit des événements ou, plus exactement, des fêlures psychologiques qui ont conduit une jeune mère de 4 enfants à commettre l'irréparable. Sous le même toit que son mari et que le père adoptif de ce dernier dont le couple est de plus en plus dépendant, cette femme va étouffer au fil du temps et disjoncter (la scène dans le voiture où elle craque en écoutant Femmes je vous aime est bouleversante). La maîtrise de Lafosse dans cet exercice très complexe qu'est la reconstitution de faits réels, en faisant comprendre comment il est possible d'arriver à de telles extrémités, est confondante. Le montage, avec des ellipses temporelles toujours pertinentes, le thème musical, lancinant, la direction des acteurs, y compris des enfants, tout contribue à faire du film une expérience suffocante, à la manière des meilleurs Ozon. Aux côtés de Arestrup et de Rahim, très bons, Emilie Dequenne livre une prestation ébouriffante digne d'une Sandrine Bonnaire. Filmé par Haneke, A perdre la raison aurait été un constat glacial. Le cinéaste belge, toujours sur le fil du rasoir et la crête des sentiments, choisit l'épure et une certaine compassion. Il a bien fait.

 




22/08/2012
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