Cinéphile m'était conté ...

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Paranoïa schizophrène, ou l'inverse (Martha Marcy May Marlene)

 

Assurer que la première qualité de Matha Marcy May Marlene est le poids de ses silences, denses, épais, effrayants, ce n'est pas une critique. Tout le contraire et la preuve que pour son premier long-métrage (récompensé à Sundance), Sean Durkin, même pas 30 ans, possède déjà une maîtrise de la mise en scène peu courante. Y ajouter svp un talent de scénariste évident tant l'écriture du film contribue au plaisir délicieusement pervers que l'on y prend. MMMM est une oeuvre douce (smooth serait le mot juste) pour montrer une violence sourde et les traumas d'un embrigadement et un nettoyage de cerveau qui débouchent sur une paranoïa schizophrène (ou l'inverse). Le film est sensoriel, avec une réalisation qui brille par son sens du cadrage, le plus souvent large, avec des plans rapprochés qui scrutent avec précision les pensées des personnages. Le montage utilise avec une intelligence rare la technique du flashback qui se fond puis se confond avec les scènes du moment présent. Confusion, perte de repères, perte du sens de la réalité, tout ce que vit au fil des minutes l'héroïne est retranscrit avec justesse sur l'écran. A fleur de peau, Elizabeth Olsen joue le rôle avec un naturel époustouflant, son visage changeant au gré de son état psychologique et son corps s'alourdissant ou s'allégeant selon le poids de son âme. Une révélation, cette comédienne qui peut passer de la beauté solaire à la laideur, comme par magie. Si, par bien des aspects, MMMM se révèle fidèle à l'esprit du cinéma américain indépendant, il a quelque chose en plus, une presque maturité dans le traitement de son sujet qui peut laisser à penser que Sean Durkin est un futur grand, à l'instar d'un Jeff Nichols. On parie ?

 




29/02/2012
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