Sauvetage d'un enfant sauvage (La tête haute)
Enfance difficile, délinquance juvénile : la partie est-elle d'ores et déjà perdue quand un certain déterminisme social impose sa loi ? Emmanuelle Bercot a beaucoup observé, lu et s'est énormément documentée avant de se lancer dans l'aventure de La tête haute. "La justice des mineurs est fondée sur l'idée que rien n'est totalement joué d'avance pour un enfant et qu'avec une action éducative, il est possible d'arrêter la dégringolade." Possible oui mais long et douloureux comme le montre La tête haute qui évite heureusement deux grands dangers opposés : l'angélisme et le misérabilisme. Le film est souvent sur une corde raide mais la qualité de son écriture et de son interprétation (Rod Paradot en tête, révélation majuscule, mais aussi Magimel, Deneuve et Diane Rouxel) ainsi que son énergie constante lui confèrent une intensité et une véracité remarquables. A l'exception peut-être de deux ou trois scènes qui sonnent moins juste notamment à cause du surjeu occasionnel de Sara Forestier dans un rôle trop borderline. La tête haute, souvent d'une violence sèche que l'on trouve plus communément chez nos voisins britanniques, est un film d'autant plus poignant quand le portrait de cet enfant sauvage se fait plus tendre, avec une rugosité qui écorche. Vulnérabilité, fragilité et manque d'amour d'un adolescent mais aussi de ceux qui le jugent et l'encadrent : La tête haute fait honneur au cinéma français.
Classement 2015 : 7e/89
A découvrir aussi
- Le privé à rouflaquettes (Inherent Vice)
- Corps figés en Sibérie (Crosswind)
- Un garçon sans enfance (Le petit homme)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 50 autres membres