Corps figés en Sibérie (Crosswind)
Trois hivers et trois étés : c'est durant ce laps de temps que Martti Helde a tourné son premier long-métrage. Le réalisateur (qui aura 28 ans en août) voulait rendre hommage à toute cette population balte, notamment estonienne, qui a été raflée par l'armée soviétique en 1941 et déportée en SIbérie. Peu en reviendront après des années de captivité à ciel ouvert. Pour rendre compte d'une telle tragédie, peu racontée dans les livres d'histoire, Helde a choisi un dispositif radical : des tableaux en noir et blanc où tous les personnages ont le corps et le visage figés et une caméra qui se faufile entre eux en de lents travellings. Et en voix off, la lecture des lettres d'une déportée à l'homme qu'elle aime dont elle ne sait s'il est encore vivant. Certaines scènes sont sidérantes de beauté mais le procédé, la technique si l'on préfère, a tendance à prendre le pas sur l"émotion. Jamais ennuyeux, Crosswind reste cependant en deçà de son ambition, ne laissant au spectateur d'autre choix que de poser le regard là où le cinéaste l'a décidé. Le pari stylistique de Helde était risqué, il n'est pas aussi secouant qu'attendu. Malgré tout, le film mérite d'être vu pour ses qualités artistiques et la valeur de son témoignage.
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