Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Retrouvailles à La Rochelle (8)

 

La prisonnière du désert (The Searchers) de John Ford, 1956

Il n'y a pas plus grand bonheur que de revoir La prisonnière du désert dans une grande salle, en festival, sur un écran géant, dans une copie éclatante. une Inégalable expérience qui rehausse l'entame sublime, la mise en scène de John Ford et les somptueux paysages de la Monument Valley. Juger le film avec des lunettes d'aujourd'hui est évidemment inepte. Il correspond à son époque de tournage, le milieu des années 50, et plus encore à celle où se déroule l'action, soit trois ans après la Guerre de Sécession dont le héros est revenu défait et sans doute plus encore. Tantôt lyrique, tantôt épique, avec des moments de pure comédie, La prisonnière du désert n'est pas considéré pour rien pour l'un des westerns les plus remarquables de l'histoire du cinéma et l'un des sommets de l’œuvre de John Ford. En expliquer le pourquoi du Comanche est l'affaire des exégètes et n'est absolument pas nécessaire pour y (re)prendre le plus grand des plaisirs, parmi lesquels la prestation de Natalie Wood n'est pas la moindre, malgré sa brièveté.

 

Comment tuer un juge (Perché si uccide un magistrato), de Damiano Damiani, 1974

Comment tuer un juge est typique du cinéma italien politique mais surtout représentatif de la manière d'un Damiano Damiani plutôt adepte de l'emporte-pièce, si on le compare au cinéma plus ample et maîtrisé de Francesco Rosi. C'est très efficace en l'occurrence, et pas stupide du tout, dans la complexité des rapports de force en Sicile où tout le monde s'arrange avec la vérité (et la mafia locale), et surtout avec la morale, pour servir ses propres intérêts. La mise en abyme inaugurale est très astucieuse et entraîne d'ailleurs sur des fausses pistes. La prestation de Francesco Nero est à souligner mais le magnétisme et la beauté sidérante de Françoise Fabian donnent au film encore davantage d'impact.

 

Une langue universelle de Matthew Rankin

Étrange, voire expérimental, Une langue universelle est décrit par son réalisateur, le Canadien Matthew Rankin comme une "hallucination autobiographique" ou encore, comme une comédie de "désorientation." On y parle d'ailleurs plus volontiers farsi que français ou anglais, alors que les trois histoires, qui se connectent plus ou moins dans le scénario, se situent à Winnipeg qui prend soudain des allures de Téhéran. Il se passe des choses surprenantes et absurdes dans ce film qui abonde en références qu'il est le plus souvent ardu de déceler, de ce côté-ci de l'Atlantique. Des dindes y jouent, entre autres, un rôle non négligeable, l'une d'entre elles voyageant d'ailleurs en autocar, ce qui n'a rien de bizarre, n'est-ce pas, puisqu'elle a payé sa place. Dans ce genre de long-métrage, il s'agit moins de comprendre les intentions de l'auteur que de sa laisser aller à sa fantaisie. C'est ce que l'on éprouve aussi devant certaines œuvres de Roy Andersson ou de Alex van Warmerdam, par exemple, mais dans Une langue universelle le systématisme dans la recherche surréaliste a plutôt tendance à créer une distance qui ne donne guère envie de se passionner pour ses extravagantes péripéties.

 

 



06/07/2024
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