Redondance et grâce (La grande bellezza)
A l'instar de Fellini dans le prodigieux Roma, Paolo Sorrentino propose à son tour une visite guidée de la capitale italienne dans les pas d'un mondain "proustien", misanthrope et cynique, incontournable personnage de toutes les fêtes, écrivain dont l'oeuvre se résume à un seul roman. Une déambulation dans une ville souvent déserte dont la majestueuse et écrasante beauté s'oppose à la décadente vanité d'une micro société qui s'enivre de faux semblants et de plaisirs éphémères pour oublier sa superficialité. La grande bellezza est un fourre tout, inégal pendant 140 minutes, dont la redondance agace mais qui tutoie parfois la grâce (les flamants sur la terrasse). Virtuose, Sorrentino impose une mise en scène qui flirte dangereusement avec la pose esthétisante qui est son péché mignon. Le film est à peu près dépourvu de ressources narratives, l'abattage du génial Toni Servillo lui sauvant la mise quand l'absurde se rapproche du grotesque. Malgré son emphase occasionnelle, La grande bellezza impose un ton et un style qui rendent bien compte de l'air du temps dans une Italie hagarde dont les décors raffinés (ceux du passé) peinent à dissimuler une tenace odeur putride et mortifère.
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