Quand des êtres s'embras(s)ent (Möbius)
Eric Rochant est un cinéaste attachant. Un monde sans pitié a marqué une génération entière. Et dans une carrière en dents de scie, Les patriotes reste comme l'un des films d'espionnage les plus passionnants jamais tourné en France. C'est donc avec confiance qu'on l'attendait avec Möbius, retour à un genre qu'il affectionne. Plusieurs films en un : un récit d'espionnage, un thriller et une histoire d'amour. Sur les deux premiers aspects, malgré une mise en scène élégante, la trame filandreuse, plombée par les invraisemblances, ne convaincra pas. L'opacité n'est généralement pas un défaut majeur dans le cinéma d'espionnage, lesté de manipulations, de doubles jeux et de traîtrises mais Möbius ne parvient pas à installer une atmosphère palpable et finit par ressembler à un produit stéréotypé. Reste le côté charnel, intense et intime du lien qui se noue entre les personnages joués avec brio par Cécile de France et Jean Dujardin. Là, la crédibilité de leur liaison sensuelle n'est jamais prise en défaut, chaque scène qui les réunit est un sommet de passion incandescente. On pourra se gausser du dénouement du film mais il est dans la droite ligne du sujet souterrain de Möbius. Quand des êtres au sang froid s'embras(s)ent, la chaleur devient torride et le monde autour d'eux a beau s'agiter, il n'est rien d'autre qu'un échiquier où les pièces avancent et reculent dans une indifférence glacée.
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