Cinéphile m'était conté ...

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Pur jus de massacre (Carnage)

Quand viendra le moment de faire le bilan de la carrière de Polanski, Carnage apparaîtra certainement comme un film mineur, parce que relevant du théâtre filmé et essentiellement porté par ses dialogues. Ce sera un peu injuste car cette adaptation fidèle de la pièce de Yasmina Reza est du vrai cinéma et que la mise en scène est d'une précision d'orfèvre alternant gros plans et plans moyens, ajustée parfaitement à la montée en puissance de cette comédie humaine qui atteint des sommets jubilatoires dans sa dernière partie. Et qu'elle peut rappeler, par certains côtés, son premier film, Un couteau dans l'eau, dans une toute autre tonalité, il est vrai. Ici, il s'agit en effet d'un pur jus de massacre, où les conventions sociales cèdent telles des digues au fil de petites piques a priori anodines et de comportements hypocrites et/ou agaçants qui font craquer le vernis au-delà d'une certaine limite. Et chacun de vomir, dans tous les acceptions du terme, sa bile dans quelques séquences d'anthologie, cruelles, sarcastiques, mordantes et franchement jouissives. Au moment où l'hystérie atteint son comble alors que le carré d"as réuni par Polanski commence à surjouer de façon éhontée, le film s'arrête brutalement. Frustrant, les 80 minutes sont passées trop vite, et malin, dans le sens où l'on peut imaginer la suite de cette "plaisante" conversation. Ou pas. Il serait délicat de sortir un comédien du lot, tellement ils se complètent et ont, chacun à leur tour, leur minute glorieuse où ils révèlent le pathétique de leur personnage. Un petit faible peut-être pour John C. Reilly, le plus à l'aise de tous, et le moins en surchauffe, mais cela reste subjectif.

 




08/12/2011
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