Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Port-aux-Princesses (Freda)

 

Le cinéma de Haïti, si l'on excepte les films de Raoul Peck, n'a guère les moyens d'exister dans ce pays dont on ne parle que pour évoquer des calamités, telluriques ou humaines (guerre, corruption). Gessica Généus s'est battue pour réaliser son premier long-métrage de fiction (en langue créole, qui plus est), aussi proche du réel que possible, avec un regard féminin sur une société largement patriarcale. Les hommes n'ont que le second rôle dans Freda qui propose un triple portrait de femmes : une mère et deux sœurs, aux prises avec le quotidien et qui ont chacune choisi une manière personnelle de s'adapter, faute de pouvoir fuir le pays comme le font beaucoup d'hommes. Ce sont des héroïnes à leur façon, dans une capitale qui pourrait être renommée Port-aux-Princesses. Pas de misérabilisme ni de mélodrame ici, même si, au détour d'une phrase, l'on apprend ce qu'a subi l'une des trois femmes, dans le passé. Le film montre beaucoup de choses, en se dispersant parfois : le poids des croyances (protestantisme et vaudou), la violence endémique (des manifestations réelles), les dysfonctionnements d'une société aux inégalités criantes. Si le film manque un peu d'ambition dans sa mise en scène et de fluidité dans sa narration, il se rachète largement par son interprétation ainsi que par l'énergie et la lumière que diffusent ces trois femmes qui veulent toujours croire qu'il est possible de vivre décemment et, pourquoi pas, trouver la sérénité sur leur terre natale. Courage est décidément un mot qui devrait être du genre féminin.

 

 

La réalisatrice :

 

Gessica Généus est née le 23 décembre 1985 à Port-au-Prince.

 



15/10/2021
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