Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Plein la vue du côté d'Arras (3)

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A l'affiche de ce dimanche : burlesque israélien, drame allemand, social français (Maman a tort, voir par ailleurs), nostalgie danoise et fantastique suisse. Un programme dense et varié. Plein la vue, plus que jamais.

 

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Une semaine et un jour (Shavua ve yom), Asaph Polonsky, Israël, sortie le 14 décembre
Ah, l'humour israélien. Indéfinissable mais qui peut s'appliquer aux sujets les plus dramatiques. Ainsi, Une semaine et un jour qui nous fait découvrir un couple d'âge moyen 7 et 8 jours après la mort de leur fils unique. Au demeurant, pas de quoi s'esclaffer sauf que le film suit notamment le père, lequel se comporte comme un ado et fait son deuil en s'émancipant du comportement attendu dans ces circonstances. Glissements progressifs vers la loufoquerie ou encore un lâcher prise dans toute sa splendeur. Le film s'ingénie à contourner le politiquement correct sans pour autant tomber dans une quelconque provocation. C'est toujours maîtrisé avec un petit pas de côté pour briser les conventions. Excellent.

 

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24 semaines (24 Wochen), Anne Zohra Berrached, Allemagne

Mon Dieu quel sujet difficile que celui de 24 semaines. Une femme, humoriste et personnage public, attend un enfant diagnostiqué trisomique. Que va t-elle faire ? Le garder ou non ? Et comment éviter les rumeurs ? La réalisatrice, Anne Zohra Berrached, a choisi la voie du réalisme, suivant pas à pas son personnage principal qui balance sans cesse entre deux décisions possibles. Pas d'ellipses et aucune digression, le film ne nous laisse pas de répit uniquement concentré sur son thème. Si l'on admire le travail de son actrice principale, Julia Jentsch (vue dans Sophie Scholl), le film est pesant, semblant vouloir absolument faire le tour de la question et condamnant somme toute le spectateur à plonger malgré lui dans l'intimité psychologique de cette femme, sans lui laisser la moindre chance de s'en échapper, ne serait-ce qu'un instant. Ce parti pris est embarrassant car trop oppressant, nous laissant in fine voyeur à notre corps défendant.

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La communauté (Kollektivet), Thomas Vinterberg, Danemark, sortie le 18 janvier 2017

Le sujet de La communauté est très proche de son réalisateur Thomas Vinterberg, puisque celui-ci a vécu dans l'une d'elle, au Danemark, de 5 à 19 ans. Le film ne relate pas son expérience mais nul doute qu'elle a beaucoup alimenté le scénario. Vinterberg, il l'a démontré dans Festen, est un formidable directeur d'acteurs, d'autant plus quand ils sont en groupe. Dans cette aventure commune et peu commune, outre la reconstitution très léchée du Copenhague des années 70, le cinéaste tire une intrigue pas si resserrée que cela, car attentive à chacun des protagonistes, mais empreinte de tendresse et nostalgie. Sans excès toutefois, La communauté pointant du doigt les limites et les frustrations d'une telle utopie, surtout quand elle se heurte au difficile partage d'un amour naissant. Le film connait plusieurs baisses de rythme en son milieu mais sa tonalité entre bienveillance et acidité contribue à le rendre le plus souvent plaisant.

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Wonderland (Heimatland), collectif, Suisse, sortie le 14 décembre

Ils se sont mis à 10 cinéastes suisses pour co-écrire et co-réaliser Heimatland, film que l'on peut qualifier de pré-apocalyptique. Pas une suite de sketches, non, mais un récit choral parfaitement orchestré. Le nuage noir qui menace la confédération helvétique est bien évidemment une métaphore dans ce scénario cinglant qui ne manque pas, insidieusement, d'évoquer les "crimes" commis hier et aujourd'hui en Suisse. Cette fable fantastique a pour ambition de montrer la face cachée du pays, pas si bien ordonné quand le chaos s'installe. Identité, nationalisme, frontières avec l'Union européenne : autant de thèmes qui forgent la moelle de Heimatland, pamphlet politique qui ne perd jamais son objectif, d'une puissance évocatrice impressionnante même si sa profusion de personnages disperse un peu l'attention, mais c'est la loi de ce genre de film.

 

 

 

 

 

 



06/11/2016
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