Cinéphile m'était conté ...

Adoubé par les Tintinologues, philes et lâtres, Spielberg a en grande partie réussi son pari, loin d'être gagné d'avance connaissant la susceptibilité et l'exigence de ces exégètes boit-sans-soif ! De ce côté-ci de l'Atlantique, du moins, car il n'est pas certain que de l'autre, où le jeune reporter est peu connu, les foules soient aussi partantes pour découvrir un héros pareil. A moins de considérer qu'il s'agit d'un Indiana Jones N°5, ce qui, en soit, n'est pas incongru. D'emblée, il faut souligner le respect de Spielberg envers le personnage crée par Hergé. On savait que le réalisateur adorait Tintin, encore fallait-il ne pas le trahir dans les grandes largeurs. Jusqu'ici, les tentatives avec des acteurs réels avaient donné un résultat désastreux (ceux qui ont le malheur de voir Tintin et les oranges bleues en savent quelque chose). Le procédé de Motion Capture permet de retrouver des expressions tout en conservant un aspect BD. Bien. En revanche, la 3D n'apporte strictement rien, mais cette remarque vaut pour 90% des films tournés de cette manière (la BA du prochain Scorsese laisse présager le pire). Les aventures de Tintin est, quoi qu'il en soit, un film de Spielberg avant tout, même si l'inspiration vient d'ailleurs. Dans ce culte de l'action essentiellement qui le fait ressembler à une succession de montagnes russes, où toute la virtuosité du metteur en scène peut s'exprimer. Pas beaucoup de pauses, peu d'humour, point d'émotion. Une arme de distraction massive. Cela n'a rien de déshonorant, mais il ne faut pas en attendre plus. On n'a pas encore inventé la Capture Emotion. A tout prendre, le film de Spielberg est un produit dérivé, en mouvement, des BD d'Hergé. Qui, sur papier, gardent leur spécificité sans pareil. Et, après tout, on s'en réjouit, ce n'est pas bachi-bouzouk américain, aussi doué soit-il, qui va parvenir à égaler le génie du natif d'Etterbeek !