Cinéphile m'était conté ...

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Pas de quoi fouetter un Che (7 sept jours à La Havane)

Après Tokyo, Paris et New York, le concept fumeux de brosser le portrait d'une ville à travers le regard croisé de différents cinéastes se poursuit. A défaut de Romorantin, le choix de la capitale cubaine est alléchant. Il y a tant à dire sur cette ville délabrée, entre coupures d'électricité, rêves d'exil, musique chaloupée et vieilles américaines rutilantes. Un petit mojto et c'est parti pour 7 jours à La Havane. Et ça commence très mal. Les trois premiers chapitres sont désastreux. Comme des cartes postales animées, une vision touristique et inoffensive qui pourrait ravir Castro lui-même. Benicio del Toro fait dans l'anodin, Pablo Trapero dans l'insignifiant, Julio Medem dans le mielleux. A mi-chemin, le segment signé Elia Suleiman donne enfin un peu d'insolite à ce film compassé. Le réalisateur n'a pas oublié son humour lunaire en Palestine. Le court suivant, de Gaspar Noé, met la barre encore plus haut. Un moment de transe, tout en sensualité, mystère et perversité, sans une seule parole prononcée. Génial. Juan Carlos Tabio, le seul cinéaste cubain sollicité, ne déçoit pas : son histoire sent le vécu, à travers le prisme du quotidien d'une famille de La Havane. Laurent Cantet, enfin, propose un récit filandreux et sans intérêt majeur qui conclue mal l'affaire. Le bilan est plutôt décevant. Aucune critique ou analyse sociale et/ou politique, la véritable âme cubaine est étrangère à ce film. Vraiment pas de quoi fouetter un Che ! Une oeuvre aussi éphémère et inconsistante que l'écume des vagues qui vient lécher les trottoirs du Malecon.

 




30/05/2012
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