Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

La passionaria sud-africaine (Ingrid Jonker)

En 1994, devant le parlement sud-africain, Nelson Mandela lut un poème dédié à un enfant noir tombé sous les balles d'un policier, au début des années 60. Cette ode, symbole des années d'apartheid, a été écrite par une jeune femme blanche, Ingrid Jonker (1933-1965), engagée politiquement, poétesse, femme libre dans un pays qui bafouait les droits de l'homme. Le film qui retrace sa courte vie et sa fin tragique est tronqué, souvent inexact et souffre de quelques ajustements gênants (on y parle anglais et non afrikaaans, le personnage d'André Brink, l'un de ses amants, porte un autre nom, etc.). Passionaria, Ingrid l'était autant dans son art que dans le combat politique et dans sa propre vie sentimentale, tumultueuse. Le film de Paula van der Oest élude beaucoup d'aspects de son existence, les gardant en simple toile de fond. Ce qui l'intéresse est la femme, dans toutes ses contradictions et ses excès. Ingrid Jonker buvait trop, aimait trop, vivait trop. Ses relations compliquées avec son père, président de la commission de censure du parlement et convaincu de la supériorité de la race blanche est la clé de son mal être, de ses dépressions à répétition, de son internement après une IVG, de son suicide. Le portrait que le film trace d'elle est lacunaire et manque de finesse. Dommage, d'autant que Carice van Houten joue le rôle avec tout le talent vibrant qu'on lui connait. On ne peut s'empêcher de rêver, malgré tout, ce qu'une Jane Campion aurait su exprimer d'une telle histoire.

 




25/02/2012
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