Orwell et Kafka en Iran (Au revoir)
Le cinéma iranien nous a tant gâtés en oeuvres fortes, ces dernières mois, qu'il est tentant d'imaginer que tout ce qui vient de Perse est d'or. Illusion, bien entendu, comme le montre Au revoir, un film certes estimable, mais qui peine à se montrer digne de son sujet. Son réalisateur, Mohammad Rasoulof, a pourtant du style, c'est incontestable, un sens du cadre évident, et fait admirer une photo superbe, avec des scènes dans des tonalités bleu pétrole, qui évoquent l'anxiété et l"enfermement, deux sentiments qui collent à la réalité quotidienne d'un pays où Orwell et Kafka semblent de connivence. En revanche, le scénario d'Au revoir est globalement opaque, fait de nombreuses ellipses et il faut attendre les 2/3 du film pour comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette histoire qu'un mise en scène trop souvent abstraite complexifie à tort. Cette jeune femme enceinte qui veut quitter l'Iran à tout prix a ce mot qui résume tout : "plutôt que d'être étrangère dans mon pays, je préfère être étrangère à l'étranger." Il est dommage que le film, qui n'est pas exempt de qualités, on ne le répétera jamais assez, ne soit pas toujours d'une telle clarté.
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