Cinéphile m'était conté ...

Il est évident que Les hommes libres est un film au budget très modeste qui explique (en partie) son manque d'ampleur et sa mise en scène sans relief. C'est le reproche majeur qu'on peut lui faire, avec un scénario qui reste parfois au niveau des intentions et n'approfondit pas suffisamment son thème principal. Ceci mis à part, le film d'Ismaël Ferroukhi a le mérite d'aborder un sujet peu connu : la participation des musulmans de Paris, militants pour l'indépendance de l'Algérie, au sauvetage de juifs et de résistants pendant la pire période de l'Occupation allemande. Le personnage joué par un excellent Tahar Rahim est une sorte de Lacombe Lucien inversé, un espion collabo qui change d'orientation et s'engage, presque malgré lui, dans le camp adverse. Il n'est pas le seul protagoniste intéressant de cette histoire. Michael Lonsdale donne l'ambigüité nécessaire à son rôle de recteur de la Mosquée de Paris et Mahmud Shalaby compose avec brio un chanteur charismatique inquiété par les nazis. Quant à Lubna Azabal, dommage qu'elle n'ait que peu de temps pour exister, ses rares apparitions sont lumineuses. Malgré ses défauts de forme, Les hommes libres, de par son humilité et sa dignité, est un film plus qu'estimable sur un pan ignoré de notre histoire.