Monotonie et aliénation (La vie domestique)
Vernoux, Malle, Denis, Zlotowski, Ropert, Simon, Triet, Bercot, Czajka ... Et bientôt Moreau, Quillévéré et Bruni-Tedeschi. Un point commun, peut-être ? Mais oui, ce sont des femmes cinéastes qui "envahissent" nos écrans. Une bonne nouvelle même si on est encore loin de l'égalité avec ces messieurs. Isabelle Czajka, donc, a choisi d'adapter un roman de Rachel Cusk. Avec une grande fidélité, les lieux importent peu, l'esprit est là. Portraits de femmes et de mères, sans emploi, appartenant à la bourgeoisie résidentielle. La vie domestique, titre parfait, débute et se termine par un dîner. Un concentré de banalités et de propos misogynes et racistes qui fait mouche. La réalisatrice a opté pour un ton vaguement ironique pour souligner une aliénation plus ou moins bien vécue. Le personnage d'Emmanuelle Devos, la plus lucide d'entre ces femmes, sert de catalyseur. Elle est au bord de la crise de nerfs, s'engueule avec son mari, très occupé bien entendu, et cherche à retravailler. Pas loin de la dépression mais elle tient. Pour combien de temps ? Isabelle Czajka filme la monotonie et la vacuité d'existences sans relief. En adoptant un ton neutre, lourd de sous-entendus, mais néanmoins relativement plat. Le seul élément dramatique est hors champ. Montrer l'ennui est immensément dangereux. En littérature, le style permet de dépasser cet écueil. Au cinéma, c'est plus compliqué. La vie domestique a un ton mais ni ampleur ni densité.
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