Un noir à la Maison Blanche (Le majordome)
Precious et Paperboy ne laissaient pas de place au doute. Malgré un sujet moins racoleur et passionnant, Le majordome enfonce le clou : Lee Daniels est un cinéaste qui a la grâce d'un pachyderme. Le spectateur est pourtant alléché par l'histoire de cet homme qui a servi 7 présidents américains d'Eisenhower à Reagan. Un noir à la Maison Blanche, qui aura même, une fois retraité, l'honneur d'une entretien privé avec Obama. La lecture rapide du sujet est cependant trompeuse, il ne s'agit pas ici de s'immiscer dans les coulisses du pouvoir mais de retracer 80 ans de lutte de la communauté afro-américaine contre le racisme et pour la reconnaissance de ses droits. Le projet est ambitieux et dans les mains de Lee Daniels devient un lourd plaidoyer, louable certes, mais aux effets démonstratifs désastreux. La passivité feinte du majordome se heurte au militantisme de son fils aîné, un temps engagé dans le célèbre groupe des Black Panthers. Le cinéaste ne tire presque rien de cette opposition si ce n'est un banal affrontement familial. Le meilleur du film réside finalement dans l'évocation de la sphère intime du majordome, ses relations avec sa femme notamment, transcendées par le jeu subtil d'Oprah Winfrey qui fait mieux que se hisser à la hauteur d'un Forest Whitaker, toujours impeccable.
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