Les tribulations d'un cinéphile à La Rochelle (6)
Scènes 17 et 18 :
Le sexe comme monnaie d'échanges
Tout doux, ce mercredi. Deux films, c'est une misère pour un festivalier. Le troisième, vu dans une salle de cinéma "normale", nous étions deux dans la salle, ne compte pas. Il a quand même fallu se taper 20 minutes de publicité, chose dont on perd aisément l'habitude.
Le sang sans repos était mon troisième Teuvo Tulio (1946) et ce sera le dernier. Après une présentation éclairante de La spécialiste du cinéaste finlandais (qui d'ailleurs est né letton), le film sombre dans le ridicule et déclenche les ricanements, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas l'objectif premier d'un mélodrame. Au menu : la mort accidentelle d'un enfant, un suicide raté, une héroïne aveugle et aveuglée par la jalousie, une sororité contrariée par une rivalité amoureuse, on en passe et des plus gratinés. Tulio, le Douglas Sirk finlandais ? Dompteur de cirque, oui !
L'autrichien Ulrich Seidl a une réputation sulfureuse de provocateur-né. Sa filmographie présente en effet quelques oeuvres dérangeantes sur des sujets plutôt chauds. Import/Export, très controversé, reste cependant un bon souvenir de cinéma. Paradis : Amour est d'un niveau largement inférieur. Son sujet : le tourisme sexuel, dans sa version féminine, rappelle immanquablement Vers le sud de Laurent Cantet, autrement plus digne d'intérêt. Seidl nous emmène en vacances au Kenya avec une autrichienne d'un âge certain, dont le physique pourrait plaire à Botero. Elle est en manque de tendresse, notre héroïne, et elle va peu à peu succomber à la tentation de l'offre et de la demande. Chair flasque d'européenne contre virilité africaine : le sexe est la monnaie d'échanges. Le cinéaste, comme à son habitude, s'abstient de jugement moral, se contentant de montrer une réalité établie, renvoyant dos à dos, si l'on ose dire, blanches et noirs. Seidl fait plutôt sobre, dans un premier temps, avant de se vautrer dans une complaisance voyeuriste très gênante, qui culmine dans une scène que l'on peut qualifier de pornographique. Le malaise est là, palpable. Pas trop mal fichu, plutôt bien écrit, Paradis : Amour se révèle finalement assez fade, dans une neutralité bien commode alors que certaines images ont quelque chose de dégradant. Coup de chapeau, au passage, à l'actrice principale, Maria Hofstätter, qui se donne corps et âme à son rôle, très naturelle dans l'impudeur.
Sortie en salles : le 9 janvier 2013.
Demain, en entrée, dès 10h30, un film portugais de 2h20 (aïe). Au programme également : un plat de résistance franco-sénégalais et un dessert grec.
A suivre, au fil(m) de l'eau.
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