Le sourire de l'impertinence (Taxi Téhéran)
"Je suis un cinéaste. Je ne peux rien faire d'autre que de réaliser des films. Le cinéma est ma manière de m'exprimer et ce qui donne un sens à ma vie." Comment faire alors lorsque l'on est condamné à ne plus réaliser ou à quitter son pays ? Eh bien, on nargue la censure en filmant dans son appartement et quand on veut retrouver le grand air, l'on accroche une caméra au tableau de bord d'une voiture et l'on invente une docu-fiction. Et c'est ainsi qu'est né Taxi Téhéran, tourné clandestinement pour la modeste somme de 32 000 euros. Un film modeste, comme l'est Panahi et qui en dit plus long sur la société iranienne que tous les reportages du monde. Ceux qui connaissent le pays le savent, les iraniens sont frondeurs, impertinents et libres malgré la contrainte. Et Jafar Panahi en est un représentant éminent, celui auquel on doit ce petit bijou tranquille d'insolence contre l'intolérance, Ours d'or à Berlin, comme un pied de nez au régime des mollahs. Les 82 minutes de Taxi Téhéran passent très vite, gorgées d'humour et d'humanité. Ce film est essentiel comme le témoignage de son amie avocate qui elle aussi n'a plus le droit d'exercer et qui garde le sourire, une brassée de roses à la main. Tant il est vrai que l'oppression peut tout tuer sauf le droit à espérer en des jours meilleurs. Qui finiront par arriver, c'est inéluctable.
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