Le mystère de l'enfant poète (L'nstitutrice)
Le policier a révélé un cinéaste israélien intransigeant, austère et passionnant : Nadav Lapid. Son deuxième long-métrage, L'institutrice, confirme son "exception culturelle", sa capacité à raconter une histoire étrange et réaliste, pourtant souvent aux confins de l'onirisme, métaphore d'un monde matérialiste où les mots ne sont plus que fonctionnels. Il est bien difficile de faire entendre la poésie au cinéma (le coréen Poetry réussissait cette gageure) et le film y parvient de façon directe et parfois détournée dans une mise en scène qui rejette l'émotion facile, aux contours saillants et brutaux. Douceur ou dureté, chaque scène a son identité propre et leur alternance, abrupte, captive autant qu'elle soumet le spectateur à une douche écossaise permanente. Plus qu'à cet enfant poète, qui reste un mystère, L'institutrice trace le portrait d'une femme entre deux eaux dont la vie bien rangée dissimule de graves fêlures voire un "dysfonctionnement" psychologique. C'est aussi la force du film que de laisser libre cours à l'imagination et à plusieurs interprétations. Il n'est ni confortable, ni aimable mais d'une puissance évocatrice qui existe rarement au cinéma mais plutôt du côté de la littérature.
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