Cinéphile m'était conté ...

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Matin de gueule de bois (Le grand soir)

Le grand soir n'est pas un film drôle. Mais triste et pathétique. Enfin, occasionnellement drôle, mais surtout triste et pathétique. Comme d'habitude, Delépine et Kervern se donnent du mal pour nous faire croire qu'ils se foutent de tout et que leur seul leitmotiv est l'anarchie. Et la punk attitude. Le pire est qu'ils y parviennent, à cette sorte de nihilisme, dans le sens où leur film est très mal foutu (bien plus que Mammuth) et ressemble davantage à un alignement de sketches plus ou moins pertinents qu'à un scénario qui aurait été écrit ailleurs que sur un coin de nappe. Le malaise vient aussi de la méchanceté intégrale, d'absence d'empathie que les cinéastes manifestent y compris pour leurs deux héros, perdants pas même magnifiques. La critique sociale tourne court, malgré l'excellente idée d'avoir tourné quasi intégralement dans les sinistres zones commerciales devenues interchangeables à l'extérieur de toutes les villes françaises. Le décor est idéal mais, là encore, la mise en mal de la société de consommation se fait de manière dérisoire et périphérique. Caricaturaux au possible, les deux personnages principaux sont défendus avec un certain talent par Poelvoorde et surtout Dupontel, mais c'est notoirement insuffisant eu égard à la minceur psychologique de leurs rôles. Et il vaut mieux passer sous silence la "prestation" hallucinée d'une Brigitte Fontaine qui n'est pas une actrice et ne le sera jamais (elle l'est dans la vraie vie et c'est déjà pas mal). Le grand soir se termine par une petite révolte sans grande conséquence. A l'image du film lui-même, un vrai pétard mouillé (au fait, l'affiche, elle sort d'où, il n'y a pas la queue d'un cheval dans le film !). Pas un grand soir, plutôt un matin de gueule de bois.

 




08/06/2012
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