La guerre en accéléré (14)
Le début de 14 est du pur Echenoz. Un homme à bicyclette qui entend au loin le tocsin de son village vendéen. Signal de la mobilisation générale. Fin de la quiétude, place à l'inquiétude. On y retrouve le style inimitable de l'auteur : vif, précis, cocasse ... Avec quelques termes rares, un imparfait du subjonctif par ci, par là, et un usage étonnant des adverbes lesquels, loin d'alourdir le texte, lui donnent une profondeur qui contraste avec la rapidité de l'écriture. Après une série de biographies très particulières et réjouissantes (Ravel, Zatopek, Tesla), quelle gageure de s'attaquer à la première guerre mondiale et de lui régler son sort en 125 pages compactes, alors que d'autres y ont consacré des pavés entiers. Pourtant, tout y est : la boue, les poux, les rats, la mort qui fauche au hasard. Et puis la peur, l'insouciance, l'ennui, et l'attente pour la jeune femme qui a vu partir ses amis au front. Comme toujours, Echenoz cavale et, parfois, s'attarde un moment, comme pour figer des scènes hautement symboliques. Avec ce sens de la dérision qui est sa marque de fabrique. Il faudrait aussi évoquer la dernière page du livre. Tendre, drôle, naturelle. La vie continue et Echenoz nous régale toujours.
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