Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

La banalité du mal (Hannah Arendt)

"Comment regarder une femme dont l'activité principale est la pensée ?" C'est la question à laquelle Margarethe Von Trotta s'est efforcée de répondre dans Hanna Arendt, portrait d'une philosophe, et d'une femme, à travers le procès d'Eichmann qui lui a inspiré son célèbre rapport sur "la banalité du mal", aujourd'hui reconnu et incontesté mais à l'époque violemment rejeté par la grande majorité de ses amis intellectuels et, bien entendu, voué aux gémonies par l'Etat d'Israël. Le film est donc davantage centré sur le procès fait à Hannah que sur celui d'Eichmann même s'il est le déclencheur de l'opprobre qu'elle a subi. D'où la volonté de Margarethe Von Trotta de montrer longuement Hanna Arendt dans son milieu new yorkais et de revenir sur ses années d'étudiante marquées par sa fascination amoureuse et intellectuelle pour Heidegger avant la rupture. C'est passionnant mais en grande partie gâchée par la lourde mise en scène de la réalisatrice dont la subtilité n'a jamais été le fort. Le sujet est cependant suffisamment puissant et l'interprétation de Barbara Sukowa tellement fascinante qu'on peut passer outre les défauts de fabrication. Certes, le film idéalise quelque peu la personnalité de la philosophe dans sa posture "seule à détenir la vérité face aux béotiens qui l'entourent" mais la comparaison Arendt = femme à la pensée indépendante contre Eichmann = homme falot sans autre idée construite que celle d'obéir, tient parfaitement la route. Et le monologue final, véritable invitation aux générations futures à réfléchir et à s'exprimer librement en négligeant les discours formatés est particulièrement saisissant.

 

 





05/05/2013
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 50 autres membres