L'homme derrière le monstre (L'affaire SK1)
Ne nous plaignons pas que le cinéma français s'attaque aux affaires les plus célèbres d'un passé pas si lointain, on lui a si souvent reproché sa frilosité et sa propension à ne s'intéresser qu'aux états d'âme en chambre des bobos parisiens. Après La French, L'affaire SK1 évoque un cas marquant de tueur en série de la fin du siècle dernier, Guy Georges pour ne pas le nommer, qui donna lieu à une traque acharnée. Une grande partie du film de Frédéric Tellier est consacrée à l'enquête, vue à travers l'un des policiers qui en fit une affaire personnelle pendant 10 longues années. L'aspect documentaire du scénario, bien écrit, la description de l'ambiance au sein du 36 quai des Orfèvres, les balbutiements des moyens techniques (fichiers informatiques, tests ADN), sont irréprochables dans une mise en scène qui a misé sur la sobriété, ce qui est tout à son honneur mais pénalise le film qui apparait assez souvent terne. Mais L'affaire SK1 ne s'arrête pas là, il cherche aussi les racines du mal à travers le portrait de Guy Georges, et certains y verront peut être à raison une tentative d'humaniser le criminel, en cherchant l'homme derrière le monstre. L'interprétation d'Adama Niane est d'ailleurs prodigieuse et n'est pas loin de faire basculer le film vers un versant plus ambigu. De ce point de vue là, en poussant le spectateur dans une certaine zone d'inconfort, Frédéric Tellier prend le risque de déranger et d'interroger nos propres valeurs et notre conscience. Et c'est un aspect plutôt à mettre au crédit du film.
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