Journal de La Rochelle (1)
Assurance sur la mort (Double Indemnity), Billy Wilder, 1944
Un film noir sur grand écran, cela change quanf même la donne, surtout quand il est contextualisé, et pris pour ce qu'il a été à son époque : un métrage précurseur. Ce n'esy pas tant l'intrigue, presque banale, qui emporte l'adhésion mais bien l'atmosphère, notamment entre les deux amants, mortifère. Ma mise en scène de Billy Wilder tutoie la perfection et la beauté du noir et blanc et de toutes ses nuances sidère. Un film méchant, même si soumis à la morale de l'époque et des personnages cupides davantage qu'amoureux transis. Beaucoup de petits détails qui frappent (le craquage d'allumette) et Edwaed G. Robinson fabuleux, beaucoup mieux que le faire valoir de Stanwyck et de MacMurray.
Boule de feu (Ball of fire), Howard Hawks
L'écriture de Wilder et le style de Hawks font de Boule de feu un classique indémodable, qui croise avec bonheur deux univers diamétralement opposés, celui des intellectuels et celui des gangsters. Cette version très singulière de Blanche Neige et les 7 nains (qui sont ici 8) ne cède jamais au délire mais joue parfaitement avec l'absurde, dans une histoire qui se fiche totalement de sa crédibilité. Gary Cooper est époustouflant et Barbara Stanwyck ne cherche pas à lui voler la vedette, se contentant d'être brillante, en trait d'union malicieux entre deux mondes. A déguster sur grand écran, cela va sans dire.
Baise-en-ville de Martin Jauvat
Sans prétentions artistiques démesurées mais avec un côté compact et cohérent, bien plus efficace que dans Grand Paris, son premier long métrage, Baise-en-ville montre avec aplomb que Martin Jauvat a des choses à dire sur son vécu générationnel, en banlieue parisienne. C'est Chelles qu'il aime et il ne se prive pas de nous le seriner, dans une répétition qui allie poésie et absurde haut perché. L'humour est léger, qu'il soit dans les dialogues ou les situations, mais n'est pas sans signification, socialement parlant, ce qui est loin d'être le cas de la plupart des comédies françaises. Le cinéaste aime tous ses personnages, visiblement, dans une bienveillance moqueuse, et lui-même s'est réservé le rôle principal, qui galère aussi bien sur les plans professionnel que sentimental. Avec un budget sans aucun doute limité, Jauvat ne perd jamais de vue son scénario, qu'il fait évoluer par petites touches, sans trace de scènes particulièrement inutiles. L'acteur/réalisateur a aussi le bon goût de bien s'entourer, avec notamment Michel Hazanavicius et William Lebghil, impeccables, mais surtout avec une Emmanuelle Bercot complètement déchaînée, en monitrice d'auto-école tempétueuse, qui contraste joliment avec le caractère de son apprenti conducteur, pour former un couple de contraires classique mais probant et, avant tout, très drôle.
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