Cinéphile m'était conté ...

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Intime et saturnien (Etranges rivages)

Le grand retour d'Erlendur ! Dans une enquête en civil, officieuse, dans la région même où le commissaire a vécu le pire traumatisme de son existence : la disparition de son frère, durant son enfance, lors d'une terrible tempête de neige. Etranges rivages n'est pas le polar le plus brillant d'Arnaldur Indridason mais c'est son plus intime, son plus bouleversant et, a t-on envie de dire, le plus islandais dans ses thèmes abordés. Dans son lent acharnement pour découvrir le fin mot d'une autre histoire de disparition due aux éléments déchainés, qui a eu lieu en 1942, dans le harcèlement presque pathologique auquel le policier soumet les vieilles personnes ayant pu participer de près ou de loin à cette affaire, Erlendur met tout son coeur meurtri, comme pour exorciser ses propres démons. Le commissaire n'a jamais été aussi humain, aussi vulnérable, littéralement hanté par le passé et par une sourde culpabilité qui ne l'a jamais quitté. Indridason nous immerge dans un coin d'Islande fruste et sauvage, où les légendes dépassent souvent la réalité, alors même que le "progrès" menace, avec l'implantation d'une usine d'aluminium qui va lui enlever toute authenticité, aussi cruelle soit-elle. L'écrivain a l'art de faire monter la tension au fil des pages. Pas tant du point de vue du suspense que de la psychologie de son héros en passe de faire enfin le deuil de ses blessures, dût-il passer pas les pires souffrances qu'il inflige aux autres autant qu'à lui-même. Un livre saturnien dont la chaleur finit par percer la calotte glaciaire.

 




04/03/2013
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