Cinéphile m'était conté ...

Née le 19 août 1915 à Stockholm, Ingrid Bergman débute au cinéma en 1935. Elle tournera 11 films en Suède dont 7 sous la direction de Gustaf Molander.

Le comte de la vieille ville (Munkbrogreven), Edvin Adolphson, 1935
Chaque nuit, des cambriolages ont lieu dans la vieille ville de Stockholm. Une jeune femme soupçonne un homme dont elle est pourtant tombé amoureuse. Divertissement léger, le film capture avec empathie l'atmosphère pittoresque des vieux quartiers de Stockholm avec un défilé de "gueules" gratiné. La police semble plus prompte à s'intéresser à la chasse aux consommateurs d'alcool de contrebande (il y avait alors une sorte de prohibition en Suède) qu'à chercher à mettre la main sur le malfrat insaisissable. Bonne humeur garantie en tous cas dans ce film dont la narration n'est pas le fort alors que la mise en scène
n'est pas si nulle. Mais, bien entendu, le film serait tombé dans les oubliettes s'il ne marquait les débuts d'Ingrid Bergman fraîche comme un bébé dont elle a les bonnes joues. Ce qui ne l'empêche pas, déjà, "d'impressionner" la pellicule.

Swedenhielms, Gustaf Molander, 1935
La famille Swedenhielm est d'une lignée prestigieuse. Le père, veuf, poursuit des recherches en chimie. Ses rejetons mènent la grande vie. Seul ennui : l'argent fait de plus en plus cruellement défaut. Reste l'espoir d'obtenir le Prix Nobel. Une comédie loufoque suédoise des années 30 c'est un peu du Capra sans étincelle. Peut-être est-ce la rugosité de la langue, toujours est-il que le film ne provoque ni rires ni sourires malgré la bonne volonté de tous les protagonistes. Quant à Ingrid Bergman, cantonnée à un rôle minuscule, elle n'a pas l'espace pour briller.

La nuit de la Saint-Jean (Valborgsmässoafton), Gustaf Edgren, 1935
Un quotidien du matin lance une grande campagne pour stimuler la natalité. Son rédacteur en chef ne sait pas que sa fille est amoureuse d'un homme dont l'épouse qu'il n'aime plus vient d'avorter. Mais un chantage va tout changer. Il est difficile de rattacher le film à un genre précis : il commence comme une comédie morale, se poursuit sur le mode policier pour déboucher sur un mélodrame romantique. Tout en militant pour que les suédois se marient et aient le plus d'enfants possibles. Avec son scénario plutôt bien agencé, nonobstant une multitude de coïncidences heureuses, La nuit de la Saint-Jean se révèle relativement
efficient. Ingrid Bergman a enfin l'occasion de jouer un rôle consistant. Sa carrière est lancée.

Intermezzo, Gustaf Molander, 1936
Une jeune pianiste tombe amoureuse du père de l'une de ses élèves, célèbre violoniste. Ils partent ensemble en tournée. Intermezzo est un film clé dans la carrière d'Ingrid Bergman. Elle devient vedette en son pays et suscite l'intérêt en Amérique. Trois ans plus tard, son premier film à Hollywood sera un remake d'Intermezzo. L'actrice au talent et aux traits désormais plus affinés montre un jeu qui rend ridicule celui de son partenaire qui semble se croire dans un film expressionniste. Le film, en lui même est un conte moral assez banal à la fin duquel le mari retrouve sa femme et son enfant. On échappe de peu au mélodrame
mais la présence de Bergman, dont le personnage sacrifie son amour, lui donne une certaine grandeur.