Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Il est une fois sur une île (Terraferma)

Il est une fois une île, un caillou en vérité, posé en pleine méditerranée. Les pêcheurs, un à un, y abandonnent leur activité et se tournent vers le tourisme. Il est plus d'une fois des clandestins, venus de la proche Afrique, qui abordent ce bout de terre promise, à l'extrême limite de leurs ultimes forces. Terraferma est un conte moderne qui prête le flanc à toutes les critiques. On va l'accuser d'angélisme, d'excès de sentimentalisme, de manichéisme, de constructions de stéréotypes, d'accumulation de clichés, de propension à un esthétisme de la misère. Les arguments sont recevables, mais cependant... En passant, il est surprenant qu'un cinéaste comme Crialese, plus allégorique dans ses films précédents (Golden Door, Respiro), ait imaginé ou plutôt transcrit une réalité tangible en une fable plus chargée qu'un chalutier de retour au port. En dépit de tous ses défauts, incontestables, Terraferma est un film éminemment passionnant. Parce qu'il qu'il a un coeur énorme, ce qui n'est pas suffisant, mais surtout parce qu'il est plus complexe qu'il n'y parait et qu'il ne se contente pas d'opposer des mondes entre eux : celui des touristes contre celui des clandestins, avec les iliens pour arbitres et les policiers italiens dans le rôle des méchants. Trois personnages, représentant des générations différentes au sein d'une même famille, sont pris dans les filets de leurs propres contradictions et émotions. Un vieux loup de mer, une mère (merveilleuse Donatello Finocchiaro) et un garçon de 20 ans, qui entretiennent entre eux des rapports a priori simples et qui vont devoir se déterminer et décider d'une attitude commune : se conformer à la loi des hommes ou à celle, ancestrale, de la mer, qui interdit d'abandonner une personne qui se noie. Ce film généreux et humaniste rappelle évidemment Welcome, voire Le Havre, dans un style qui n'a rien à voir. D'autant que Crialese aime la belle image (trop parfois) et accentue la splendeur naturelle de cette île déjà magnifiée dans Respiro. Le dernier plan, aérien, est sublime. Il semblera gratuit et artificiel pour les uns, synonyme de liberté et d'échappée belle vers l'espoir pour les autres. C'est selon.

 




14/03/2012
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