Ici, c'est Montpellier (8)
Le dernier souffle de Costa-Gavras
Le dernier souffle s'apparente t-il à une leçon de vie ou de mort ? Les deux, sans doute, puisque l'une ne va pas sans l'autre. Costa-Gavras, 91 ans, a adapté l'ouvrage de Régis Debray, philosophe, et de Claude Grange, chef de service d’une unité de soins palliatifs et donc expert, si l'on ose dire, de la fin de vie. Porté par les excellents Kad Merad et Denis Podalydès mais aussi par une pléiade de comédiennes remarquables dans des rôles plus modestes : Canto, Rampling, Molina, Abbass, Viard, Bonitzer, le film surprend par son dispositif, avec l'impression d'assister à une discussion entre un intellectuel et un praticien, étayé par plusieurs cas mis en situation, où interviennent les malades en phase terminale et leurs familles, qui ont la plupart du temps du mal à accepter l'inéluctable. Regarder la mort dans les yeux, tel est le propos, et partir dans les meilleures conditions, tel est l'enjeu. Pour autant, Le dernier souffle est tout sauf lugubre, il s'avère souvent drôle et parfois poétique, et même romanesque, et en tous cas toujours respectueux face à ceux et celles qui partent et à ceux et celles, les proches, qui vont rester. Quiconque a connu ce genre de situations, notamment dans un passé récent, sera bien entendu davantage ému mais la leçon de (fin de) vie s'adresse vraiment à tout un chacun.
Le Mohican de Frédéric Farrucci
Dans ses interviews, Frédéric Farrucci avoue que le sujet du Mohican lui a été inspiré par un documentaire qu'il a tourné il y a quelques années, dans l’extrême sud de la Corse, autour d'un berger du littoral du nom de Joseph Terrazzoni, qui avait l'impression d'être le dernier des résistants face aux projets immobiliers de plus en plus envahissants sur la côte. Sa fiction, qui s'apparente grandement à un western, avec un homme en fuite, est un film qui n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat, dans la plus pure tradition des films politiques. Mais c'est aussi un suspense haletant, très en prise avec son temps (le rôle des réseaux sociaux), et écrit avec une précision diabolique, sans négliger pour autant les paysages somptueux de la Corse. Quelque part entre Le Royaume et A son image, Le Mohican trouve sa place dans le florilège récent de longs métrages issus de l'île de beauté, avec cette fois des chèvres avec vue qui sont amenées à disparaître du paysage pour cause de bétonisation continuelle et de concession à la manne touristique, qu'une certaine mafia supervise, sans échappatoire possible pour les bergers et autres détenteurs de terres idéalement situées. Dans le rôle principal du Mohican, Alexis Manenti est parfait en anti-héros et résistant d'une cause sans doute perdue d'avance, au milieu d'un casting qui rend la tension crédible.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 51 autres membres