Ici, c'est La Rochelle ! (2)
Embarquement immédiat pour la Syrie et Malte. Dépaysement garanti.
Le traducteur (Al Mutarajim), Rana Kazkaz et Anas Khalaf, sortie le 13 octobre
Bonne idée de départ que celle d'évoquer la façon dont un régime totalitaire résiste à une révolution populaire par le biais d'un thriller tendu où le danger est partout. Dans Le traducteur, premier long-métrage coréalisé par Rana Kazkaz et Anas Khalaf, il s'agit de la Syrie et du retour au pays d'un exilé au risque de perdre la vie. La fiction joue la carte du réalisme et se révèle probante, au moins dans l'enchaînement des différentes péripéties d'un récit sans l'ensemble plutôt bien mené. Bien entendu, tout est fait pour s'attirer notre sympathie pour le héros du film et plus globalement tous les opposants au régime en place. Parfois, les ficelles sont tout de même un peu trop voyantes, ne se démarquant guère de ce que l'on a pu voir dans le même genre au cinéma, dès lors qu'il s'agit de stigmatiser les exactions d'un État qui viole sans états d'âme les fondements de la démocratie. Le film va donc sans souci dans le sens du poil du spectateur et qui aurait le mauvais goût de lui reprocher ? Du point de vue cinématographique pur, Le traducteur est décevant, bien trop sage, sans nulle prise de risque. Il est bien évident que le fond passe largement avant la forme mais c'est sans surprise et le film finit par se développer de façon attendue, jusqu'au dénouement. Dommage, vu son démarrage réussi, il y avait matière à espérer beaucoup plus.
Luzzu, Alex Camilleri, sortie le 8 décembre
Luzzu, le premier long-métrage du maltais Alex Camilleri, évite soigneusement les effets de carte postale. Sans qu'on puisse le qualifier de néoréaliste, son approche mélange avec une belle maîtrise veine documentaire et fiction très liée aux préoccupations des pêcheurs de l'île, qui se trouvent devant des choix cruciaux pour survivre. Le poids de l'Union européenne, qui finance la reconversion des pêcheurs et contribue à l'extinction d'un métier transmis d'une génération à une autre, est écrasant dans un écosystème où le marché noir ne peut que se développer. Le film aborde des sujets sociaux par le prisme de l'humain, nuançant son discours et l'enrichissant d'une intrigue plus intime (un jeune couple avec un bébé face à un avenir incertain) sans oublier d'évoquer des thèmes environnementaux. L'histoire de Luzzu est simple et complexe à la fois, au gré du courant, comme l'alternative soumise aux pauvres pêcheurs locaux, sachant que l'honnêteté et le respect de la tradition ne paient pas (plus). Luzzu est joué en majorité par des acteurs non-professionnels, l'interprète principal, remarquable, étant d'ailleurs lui-même pêcheur dans la vie réelle. L'authenticité criante du film n'empêche pas d'apprécier sa qualité cinématographique et notamment l'excellence de son montage qui permet aisément de passer d'un registre à un autre en maintenant un rythme relativement soutenu. Action et réflexion se mêlent avec une certaine grâce dans ce film maltais parfaitement abouti.
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